Covid-19, Antibiorésistance : être vétérinaire épidémiologiste en 2022

La pandémie de covid-19 a révélé au plus grand nombre le travail des épidémiologistes en médecine humaine et vétérinaire. Aujourd’hui, chacun a pu entendre parler d’épidémiologie, mais peu d’entre nous connaissent réellement le métier de ces spécialistes.

Nous allons rencontrer le Dr Casey Cazer, Professeur assistant à l’université de Cornell, l’école vétérinaire la plus prestigieuse de la côte Est des Etats-Unis, afin qu’elle nous partage son parcours pour devenir vétérinaire spécialisé en médecine des population et sciences diagnostiques, ainsi que ces projets de recherche actuels au sujet du virus Covid-19 et de l’antibiorésistance en médecine vétérinaire.

 

Voici un extrait de cette interview traduit en Français :

 

Bonjour Casey, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bien sûr ! Je m’appelle Casey Cazer, j’ai effectué mes études vétérinaires et mon doctorat (PhD) à l’université de Cornell (USA). Avant cela, j’ai terminé mon bachelor (licence) en biologie de l’organisme à Harvard.

J’ai grandi dans la région d’Ithaca (New-York), près de l’université de Cornell entourée d’animaux. Je fais partie de ces personnes qui ont su très tôt qu’elles souhaitaient devenir vétérinaire, c’est donc la réalisation d’un rêve pour moi d’accomplir tout cela.

Désormais, en tant que vétérinaire épidémiologiste, je travaille principalement sur les pathologies infectieuses. En résumé, l’épidémiologie vétérinaire s’intéresse à l’étude des pathologies dans la population animale avec parfois des liens avec la médecine humaine.

 

“L’épidémiologie vétérinaire s’intéresse à l’étude des pathologies dans la population animale avec parfois des liens avec la médecine humaine.”

 

Tu es donc directement impliquée dans le concept de « One Health » (Une seule santé), est-ce que tu travailles aussi sur des projets liés aux zoonoses (pathologies pouvant affecter les humains et les animaux)?

Effectivement, je pense que les vétérinaires sont très intéressés par le concept de One Health, ou comment les interactions entres les humains, les animaux et leur environnement peuvent affecter leur santé. L’une des raisons majeures qui peut affecter cette santé globale sont les zoonoses. Je travaille actuellement sur plusieurs projets au sujet de l’antibiorésistance bactérienne.

 

“Nous savons que les animaux peuvent parfois être affectés par ce virus, mais ils ne jouent qu’un rôle très mineur dans sa transmission.”

 

Travailles-tu uniquement sur les pathologies bactériennes ou également sur les pathologies virales ?

Durant la pandémie de Covid-19, nous avons commencé à travailler sur le Covid-19 comme pratiquement tous les épidémiologistes du monde entier (rires).

Nous avons étudié cela du point de vue de la santé publique plutôt que de celui des zoonoses. En effet, même si l’on sait que les animaux peuvent parfois être affectés par ce virus, ils ne jouent qu’un rôle très mineur dans sa transmission.

Nous nous sommes associés au département local de santé afin d’étudier l’épidémie dans notre région en nous penchant sur la surveillance épidémique du point de vue des symptômes et non des résultats des tests. L’objectif est de répertorier les symptômes au sein de la population et d’étudier si cela constitue un marqueur fiable vis-à-vis de la transmission du virus dans la population. On a ainsi pu observer que l’on voit une augmentation des symptômes dans la population quelques jours avant l’augmentation du nombre de cas répertoriés par les tests effectués.

La pandémie s’étant installée depuis quelques temps, il semble qu’il est globalement plus accepté que le virus de la covid-19 circule, et moins de tests sont effectués. Ce genre de surveillance par l’étude des symptômes serait donc un outil utile pour compter combien de personnes se présentant chez leur médecin avec des symptômes compatibles avec la covid pourraient être réellement infectées.

 

Penses-tu que la pandémie de covid-19 a permis de promouvoir ton métier ?

Très certainement ! Surtout au début quand tout le monde a soudainement su ce qu’était l’épidémiologie !

Nous avons observé tout à coup beaucoup de personnes parlant de ce sujet, le promouvant indirectement auprès des étudiants. C’est très stimulant et l’on espère ainsi que des jeunes confrères auront également envie d’entrer dans ce domaine qui reste encore un milieu confidentiel.

 

“J’attends donc avec impatience de savoir ce que cela sera d’être vétérinaire en 2030!”

 

C’est un milieu confidentiel, mais tu as déjà toute une équipe qui travaille à tes côtés dans ton département. Comment votre travail est-il organisé ?

Mon département est tout nouveau, et se concentre sur la santé publique.

Nous faisons beaucoup de projets collaboratifs avec d’autres disciplines.

Je travaille avec des étudiants de master spécialisé et de doctorat, mais aussi avec des étudiants vétérinaires en formation. Nous avons aussi des étudiants en post-doctorat travaillant sur certains projets.

Certaines études comme les enquêtes de population requièrent beaucoup de personnes, et j’ai la chance de travailler avec une trentaine d’étudiants sur l’une d’entre-elle. Les autres projets sont des projets d’études de données et ceci ne requière qu’une seule personne parfois pour analyser les jeux de données et les retranscrire pour une étude.

 

Pour poursuivre cette interview et savoir comment Casey est entrée dans le monde de l’épidémiologie, retrouvez l’interview intégrale en langue originale (anglais) disponible ici:

 

Je te remercie pour cette interview Casey, et je terminerai sur cette dernière question: Que cela signifie-t-il pour toi d’être vétérinaire en 2022?

C’est une période très excitante car la médecine vétérinaire est un petit milieu, et nous voyons tous ces changements arriver avec les nouvelles technologies, la personnalisation des soins, l’assistance prodiguée par l’intelligence artificielle, la télémédecine, et les nouveaux moyens de communication avec les clients,…

J’attends donc avec impatience de savoir ce que cela sera d’être vétérinaire en 2030!

 

Interview réalisée à Ithaca, NY le 29.04.2022.

Diane Grosjean

Résidente du Collège Européen de médecine sportive vétérinaire et rééducation fonctionnelle (ECVSMR), Diane Grosjean est la première vétérinaire en Europe à entamer un cursus de spécialisation académique dans ce domaine. Elle vous partage cette expérience unique à travers son blog abordant ostéopathie, physiothérapie, médecine vétérinaire, enseignement et actualité scientifique.

2 réponses à “Covid-19, Antibiorésistance : être vétérinaire épidémiologiste en 2022

  1. Très intéressant
    Merci Diane
    Au plaisir de vous lire tout bientôt
    Nous vous formulons nos meilleurs vœux pour la suite…♡

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